Immersion à Wanindara et ses ghettos : « Jamais l’eau de la SEG n’a coulé d’un robinet ici… »

CONAKRY-Dans cette deuxième partie de notre immersion à Wanindara, nous mettons l’accent sur le manque d’infrastructures sociales de base. Ce quartier qui relève désormais de la commune de Matoto ne dispose que d’un centre de santé et d’un marché. Là, la quête du quotidien est un combat de tous les jours surtout pour les femmes. Dans ce quartier, les préoccupations restent les mêmes mais chacun les dénonce, selon ce qui apparaît prioritaire à ses yeux.

Madame Maimouna est une mère de famille. Pour elle, le manque de route dans le quartier assaille plus que tout autre. Elle appelle l’Etat à désenclaver Wanindara. Le faire n’est que réparation d’une inégalité.

 » Nous souffrons énormément ici. Nous souhaitons de tout notre vœu que l’Etat nous aide à avoir les routes dans notre quartier pour nous faciliter les déplacements. Construire des bonnes routes ici va réduire les accidents mais aussi le risque d’insécurité. Ici, c’est la poussière pendant la saison sèche et la boue pendant la saison des pluies« , déplore cette femme.

Le quartier ne dispose pas d’infrastructures scolaires publiques. Une situation qui oblige les parents d’élèves, malgré leurs revenus modestes, à inscrire leurs enfants dans les écoles privées à des frais hors de portée.  Avec la conjoncture économique actuelle par exemple, ce n’est vraiment pas évident. D’où cet appel pressant de Fatoumata Binta à l’endroit des autorités :

 » Ici, nous n’avons aucune école publique. Dans les privées les frais sont énormes et exorbitants. Souvent nous rencontrons des difficultés à payer les frais de scolarité. Être issue d’une famille à faible revenu et faire face à plusieurs dépenses ce n’est pas du tout facile. Nos souhaits les plus ardents c’est d’avoir des écoles publiques dans notre quartier. L’établissement le plus proche de nous est à Sangoyah. Ce n’est pas aisé pour les enfants de parcourir cette distance« , explique-t-elle.

L’autre préoccupation majeure c’est le manque d’eau dans le quartier. « Jamais l’eau de la SEG n’a coulé d’un robinet ici« , fulmine un habitant. Certaines personnes nanties ont fait des forages pour atténuer la souffrance de leurs familles, témoigne une vieille dame d’environ 60 ans.

 » Nous demandons au pouvoir actuel de nous aider. Wanindara manque presque de tout. C’est comme si le quartier ne relève pas de la capitale. Le forage qui est là, les gens passent tout le temps là-bas. Moi personnellement j’y vais à 3 heures du matin.  »

Cette dame est autochtone de Wanindara. Elle est soumise aux mêmes corvées que les autres citoyens du quartier. Son rêve est qu’un jour Wanindara soit accessible et tourne la page des manifestations politiques. Un rêve possible si les citoyens décident de s’unir.

 » Quand tu dis à un conducteur de mototaxi que tu veux aller à Wanindara, il ne te regarde même pas. Seulement une personne sur 10 accepte de l’emmener. Il faut que nous nous nous battions pour soigner notre image auprès de tous ceux qui se font une mauvaise image de nous. Nous manquons de beaucoup de choses mais le fondamental c’est l’union et la paix dans le quartier que nous devons chercher d’abord. Et moi, je serai devant si les citoyens décident d’unir leur force pour promouvoir la paix et le développement du quartier« , précise-t-elle.

Sayon Camara

Pour Africaguinee.com

Créé le 18 juin 2024 09:17

Nous vous proposons aussi

TAGS

étiquettes: ,