Elhadj Alséyni Barry : “Il faut bannir au Fuuta que tel est peul, malinké, diallonké ou Ruunde…”

KEBAALI-Le président de la Coordination des Fulɓe et Haali pulaar de Guinée, a prôné ce mercredi 19 juin 2024 l’unité, la concorde et la cohésion entre toutes les communautés au Foutah. El Hadj Alseyni Barry qui était l’hôte des populations de la commune rurale de Kebaali (Dalaba) a annoncé son projet d’unité pour mettre fin aux conflits fonciers et de voisinage partout dans le Fuuta. Il compte mettre en place des sous-coordinations dans les différentes sous-préfectures pour servir de recours afin de gérer tous les problèmes domaniaux, souvent facteurs de division dans les communautés. Il a appelé à bannir les termes et autres stéréotypes stigmatisants. Africaguinee.com a recueilli ses propos.

« Nous rentrons de Kankan où l’accueil a été chaleureux, nous avons échangé longuement avec la coordination de la Haute-Guinée. Sortons de cette affaire de Malinké et Peuls. Avec le respect que nous avons eu à Kankan, nous pouvons dire que le doute et la méfiance n’ont plus leur place entre nous. Nous avons décidé ensemble de nous unir pour le maintien de la Paix en Guinée. Sur place je l’avais déjà demandé au président de confier aux coordinations la réconciliation nationale. Quel que soit votre domaine, chacun de nous relève des quatre coordinations. Je pense qu’il a compris notre souhait surtout que nous comptons le faire sans les moyens de l’Etat. C’est une responsabilité et un plaisir de le faire. A notre retour à Conakry, nous allons rencontrer le président sur cet aspect. Ici je vous explique juste ce que nous avons demandé au président à Kankan.

Elhadj Alseyni Barry
président de la Coordination des Fulɓe et Haali pulaar de Guinée,

« Il faut bannir dans le Fuuta que tel est peul, malinké, dialonké ou Ruunde (Roundè) »

Si les coordinations se réunissent pour faire la paix partout en Guinée, Pourquoi pas dans le Fuuta, où nous avons des personnes qui ne cessent de dire, tel est peul, tel est runnde, tel autre est dialonké ou Maninka, ou bien chacun réclame son appartenance à telle entité. Il faut enterrer ces caractères entre nous. Moi, Alseyni Barry, je ne suis pas le président de la coordination des peuls seulement, je suis plutôt le président du Pullo et tous ceux qui parlent pulaar. C’est pourquoi il y a Haali Pulaar. Je demande à Dalaba de comprendre cela. De tout le Fuuta, Dieu a donné l’honneur à Dalaba de présider actuellement la Coordination, c’est pourquoi je demanderais aux fils de Dalaba d’être des références dans le maintien de la paix et le bon voisinage.

« Ce qui oppose le plus nos communautés, c’est le problème des terres »

 Je vais dire ceci, ce qui nous oppose le plus ici c’est le problème du foncier. Certains étaient venus au Fuuta pour expliquer leur enracinement, ils ont derrière eux plus de quatre générations d’arrière-parents qui sont nées et ont vécu ici. Jusqu’à présent on entend dire, il faut qu’ils demandent des terres où cultiver. Cela n’est plus possible entre nous. Il faut qu’on s’asseye pour en parler. Il faut que chaque fils de Dalaba trouve une portion de terre où faire son champ. Parfois il faut renoncer à certaines choses et à certains biens au nom de la paix.

« Ceux qui se réclament de Manden Jalon aussi et tiennent des réunions au Fuuta »

Il y a ceux qui se réclament d’une entité appelée Manden Jalon et tiennent des réunions. Nous savons que ce n’est pas tout le monde qui est dans ces mouvements. Quand je suis arrivé à la tête de la coordination, j’avais dit que je ne vais pas installer les différents membres jusqu’à ce que tout le monde s’entende sur un certain nombre de points entre peuls et haali pulaar. J’ai demandé au Dialonké et tous les autres de venir pour s’asseoir autour de la table afin que chaque entité puisse occuper un poste de vice-président chargé de quelque chose. J’ai insisté beaucoup sur la question mais il se trouve qu’ils sont réunis dans plus de huit associations. Ils ne s’entendaient pas, c’est après que nous nous sommes installés au sein de la coordination, mais je précise que les portes de la Coordination sont toujours ouvertes afin que chacun y trouve sa place. Le siège du président est unique, c’est une seule personne qui peut l’occuper, mais quand le dialogue est devant, chacun aura droit au fauteuil quel que soit son rang dans la société. Moi, Elhadj Alseyni Barry, ce n’est pas mon savoir qui m’a donné la présidence de la Coordination, ce n’est pas l’argent mais c’est le Fuuta dans son entièreté avec toutes ses composantes.

« Mon combat »

Mon combat, c’est pour que toute la Guinée se hisse au même niveau de développement dans la paix sociale. Si je prône cet élan pour toute la Guinée, je souhaite que Dalaba soit en première ligne dans ce combat afin que tout le monde l’imite. Dans la tension, la division et les guerres intestines, rien ne peut se faire correctement. En toute chose, il faut la diplomatie, le dialogue pour atteindre ses objectifs.

« Nous souhaitons mettre en place une branche de la coordination dans chaque sous-préfecture pour prévenir les conflits »

Pour ramener la paix, nous avons eu l’initiative de mettre des branches de  coordination dans nos sous-préfectures. En cas de conflit lié au foncier où autre que ces branches vont servir de recours. C’est là que tout sera tranché, nous aurons sur place un chargé de règlement des conflits. Nous prions que tout se règle sur place, mais au cas où ils ne s’entendront pas, Conakry va intervenir sans parti pris. Mais nous ne voulons plus entendre des conflits au Fuuta ici. Ce qui fera notre bien partout. C’est une prière à l’endroit de tous.

« Pour la cohabitation avec la Haute-Guinée »

Elhadj Alseyni Barry
Le président de la Coordination des Fulɓe et Haali pulaar de Guinée,

Pour ce qui est de la Haute-Guinée, j’invite chacun à comprendre que nous ne sommes pas des frères ennemis. Ils nous ont rassurés davantage que nous sommes les mêmes, des plus jeunes aux sages. Nous partageons ceci avec vous. On s’était entendu de faire le compte-rendu une fois que chacun rentrait chez lui. Comme la promesse est une dette, c’est cette dette que nous payons ici, faire le compte-rendu. Je rappelle encore que Kankan nous a bien accueilli avec tout le respect suivi de bonnes paroles. Ils ont rappelé également que beaucoup de leurs sages ont appris le coran ici dans le Fuuta précisément à Timbo. Nous sommes leurs maîtres coraniques en quelque sorte. Rappeler tout ça relève de la considération, c’est aussi une forme de réconciliation. Ils ont demandé que les liens soient maintenus pour la paix en Guinée. Si la paix est là, avec la richesse du pays nous serons tous heureux. Nous ne pouvons jamais profiter des richesses du pays à l’absence de la paix.

C’est pourquoi nous allons demander à chacun de nous de faire la paix de son côté et envers les autres pour que le développement soit enclenché dans notre cher pays »

Propos recueillis par

Alpha Ousmane Bah

Depuis Dalaba

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 20 juin 2024 13:52

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